Extraits de « Règles de la salle de méditation » compilées par Paï-tchang, le fondateur des monastères Zen en Chine dans « Essai sur le bouddhisme zen p774-778 D.T.Susuki »
Ces règles ici sur la posture du méditant constitue les conditions nécessaires afin de garantir la quiétude. Elles ont certainement influencé des générations entières, on en trouve traces dans de nombreuses compilations depuis le 11ème siècle. Elles font partie d’un fond commun toujours visible à l’heure actuelle.
« Quand il veut pratiquer la méditation, qu’il se retire dans une chambre tranquille, où il a préparé comme siège un coussin épais et bien rembourré, et que ses vêtements et sa ceinture soient ajustés d’une façon lâche à son corps.
Il prendra alors la posture qu’il lui est assigné. Il s’assiéra avec les jambes complétement croisées, c’est-à-dire le pied droit sur la cuisse gauche et le pied gauche sur la cuisse droite. La posture avec les jambes à demi-croisées est quelquefois permise ; la jambe gauche est simplement posée sur la cuisse droite.
Ensuite il placera la main droite sur la jambe gauche, paume en haut et la main gauche par-dessus, les pouces pressés l’un contre l’autre au-dessus de la paume
Il dressera alors tout son corps lentement et tranquillement, et le fera mouvoir à plusieurs reprises à gauche et à droite, en avant et en arrière, jusqu’à qu’il ait obtenu une assiette correcte et une posture droite.
Il veillera à ne pas être trop penché d’un côté, à gauche ou à droite, en avant et en arrière ; la colonne vertébrale doit être droite, tête, épaules dos et reins reposant bien les uns sur les autres…
…Mais il aura soin de ne pas trop se tenir trop redressé ni trop rigide, car dans ce cas, il ne tarderait pas à se sentir mal à l’aise. L’important d’avoir les oreilles et les épaules, le nez et le nombril dans un même plan vertical, tandis que la langue reste appliquée sur le voile du palais et que les lèvres et les dents sont bien fermées. On gardera les yeux légèrement ouverts afin d’éviter de s’assoupir.
A mesure que l’on avancera dans la méditation, on verra la sagesse de ces règles pratiques… »
J-M Eyssalet y voit la couleur bleu-vert, mais aussi un vert sombre, voir noir, il évoque également le regard que l’on peut porter à l’horizon lorsque l’on contemple la nature (l’océan à perte de vue) Il associe cette couleur à la qualité de la lumière à l’Est, pour lui ce qu’il y a de plus lointain à l’Est rentre dans l’espace vécu au centre de soi même[1]
Plus loin il précise que chaque espace est associé à une couleur ; le vert pour l’est, le rouge pour le sud, le blanc pour l’ouest, l’ocre pour le centre et le noir pour le nord. Ces couleurs se manifestent quelquefois pendant le temps d’assise, libre à nous d’y trouver un signe en lien avec les cinq éléments. Pour le maître de taiji quanWang Yen Nien, les lumières qui apparaissent quelquefois durant l'assise constituaient des indications précieuses à prendre en compte sur les événements à venir.
Deux points importants ; horizontalité du regard et yeux mi-clos
Cela peut sembler paradoxal de parler de maintenir le regard à l’horizon alors que la pratique s’effectue yeux mi-clos, pourtant le maintien du regard à l’horizon conditionne toute la statique du corps. Même si dans cette pratique on est amené à porter le « regard » en soi, il est important afin d’éviter que le corps ne s’affaisse de conserver le regard à l’horizon. Les yeux mi-clos permettent de laisser un rai de lumière pénétrer entre les paupières.
[1] P 150 les cinq chemins du clair et de l’obscur
坐ZUO
Définition (5155 Ricci)
S’asseoir ; être assis.
Être assis sur
(anc) Être agenouillé assis sur les talons
Etymologie (Wieger 27D)
坐
zuo
Composé de
人
ren
Homme
Et de
土
tu
Terre
Deux人hommes assis par土 terre à l’antique et tournés l’un vers l’autre pour causer
Selon de Sambucy les hindous ainsi que les psychotechniciens modernes pensent que les jambes sont associées aux mouvements des idées, cette affirmation semble indiquer que les postures assises favorisent le calme et la paix
Trouver la posture idéale afin de pouvoir s’asseoir quelques instants pour méditer ou pour se livrer à des automassages, n’est pourtant pas une mince affaire. Beaucoup de personnes ont perdu l’habitude de s’asseoir comme ils le faisaient dans leur petite enfance, ainsi simplement s’asseoir au sol est devenu un problème au fil du temps. Afin de remédier à ces contraintes, il est possible d’aménager les postures, c’est ce que nous allons vous proposer dans ces lignes.
Tout d’abord, en introduction sur ce sujet, écoutons les conseils de sagesses issus du Yi Jing[2]. Cet ouvrage utilisé à des fins de divination, dépasse cette simple utilité, dans les parties du texte consacrées aux hexagrammes[3], nous trouvons des commentaires dont le sens n’est pas à démontrer.
Voici un exemple tiré de l’hexagramme 52 « l’immobilisation »
« La paix doit naître et s’étendre d’un façon toute naturelle à partir d’un état de recueillement intérieur. Si l’on veut réaliser de force la paix au moyen d’un raidissement artificiel, la méditation entraînera des effets fâcheux et graves »
Ceci doit nous alerter sur l’importance du lâcher-prise, il ne suffit pas d’adopter une posture (même parfaite !!!), la disposition de l’esprit prime.
LA POSTURE DE L’EMPEREUR (posture sur une chaise)
Certainement la posture la plus aisée à maintenir, pourtant elle nécessite de s’y arrêter un instant.
Se tenir au bord de la chaise, le poids du corps venant sur l’avant
des ischions [4] (vers le pubis)
Placer un coussin entre les ischions et la chaise afin de ne pas blesser.
Dans cette position, conserver la courbe naturelle de votre colonne lombaire. Placer les mains à votre convenance. Cette position peut servir de posture de méditation
mais aussi de position de travail si vous êtes un travailleur assis.Voici quelques réglages
Equilibrer le corps entre la gauche et la droite
Porter le poids du corps sur un côté, l’ischion du côté opposé se soulève,
Effectuer des balancements d’un côté vers l’autre
Et ensuite équilibrer l’appui de votre bassin entre la gauche et la droite.
Equilibrer le corps entre l’avant et l’arrière
Petits balancements d’avant en arrière à partir des articulations des hanches.
Par ces petits balancements, chercher à placer le corps en équilibre, afin de limiter au maximum les contractions musculaires des muscles de la face avant et arrière du corps.
Alignements des jambes
Placer les deux pieds parallèles et écartés de la largeur du bassin,
ceci permet d’aligner articulations des hanches, des genoux et des chevilles.
Toute la surface des pieds pose au sol.
Régler le siège afin que les genoux soient placés un plus bas que les hanches,
Fémurs (les cuisses) horizontaux
Tibias verticaux.
Si le siège ne se règle pas en hauteur, placer un coussin afin de rehausser le bassin
afin que les hanches soient un peu plus hautes que les genoux.
Si le siège est trop haut et que les pieds ne touchent pas le sol,
placer un petit tabouret afin de pouvoir poser les pieds.
POSTURE DU TAILLEUR (Sukhasana posture du bonheur inde)
C’est certainement la position assise au sol la plus usitée parce que la plus facilement réalisable par le plus grand nombre, pourtant des précautions sont à prendre vis-à-vis de l’intégrité corporelle. Nous ne reviendrons pas sur l’importance d’équilibrer la répartition du poids du corps entre avant/arrière et gauche/droite. S’asseoir sur l’avant des ischions, conserver les courbures naturelles de la colonne, trouver un coussin adapté à votre morphologie afin de rehausser le bassin permettant aux articulations des hanches de se trouver un peu plus hautes que les genoux, n’hésitez pas à utiliser un 2ème coussin si besoin
Il est de plus possible de soulager les genoux et les chevilles en plaçant un coussin sur chacun des côtés afin de supporter le poids des jambes ainsi la position devient moins contraignante pour les articulations, il devient ainsi plus aisé de procéder ensuite aux exercices souhaités.
Voici comment placer les jambes en position de tailleur
Pour les femmes : jambe droite à l’intérieur, jambe gauche à l’extérieur
Pour les hommes : jambe gauche à l’intérieur, jambe droite à l’extérieur
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POSTURE A GENOUX (seiza Japon, Vajrasana posture du diamant Inde)
Position de méditation, position de travail
S’asseoir entre ses talons
Equilibrer la posture entre la gauche et la droite et entre l’avant et l’arrière
Conserver les courbures naturelles de la colonne
Cette position ne peut être tenue par certaines personnes qu’avec beaucoup de difficultés du fait de l’hyper flexion des genoux et de l’extension des chevilles. Des aménagements sont possibles pour pallier à ces contraintes :
Placer un coussin entre les cuisses et les jambes ou poser le bassin sur un coussin afin de limiter la flexion des genoux, ou aussi un petit siège
Adopter la posture hantachi où les orteils sont en flexion plantaire[5]
La posture seiza permet une position antéversée et aussi rétroversée du bassin. Si nous poussons à l’extrême l’antéversion, le poids du corps vient vers l’avant, vers les genoux. C’est ce que nous faisons si nous voulons nous lever à partir de cette posture. Si nous poussons à l’extrême la rétroversion, le poids se répartit plutôt vers l’arrière au niveau des chevilles ou des coups de pied. Mais cette position rétroversée comprime l’abdomen, donc les organes internes, elle n’est donc pas conseillée, un juste milieu entre ces deux positions serait plus indiqué.
Seiza n’est pas une posture de repos, elle est utilisée dans de nombreux domaines ; artistique, martial, ou plus simplement dans la vie de tous les jours. Voici la manière traditionnelle de s’asseoir en seiza ;
« …à partir de Shizenta,[6] on recule le pied gauche, les orteils fléchis glissant sur le plancher, le genou gauche vient se poser à la place où se trouvait le pied gauche. Procéder de façon identique pour le pied droit et le genou droit. A partir de la position agenouillée droite ainsi obtenue, on pose les fessiers sur les talons en allongeant les orteils… »[7]
[1] Selon de Sambucy les hindous ainsi que les psychotechniciens modernes pensent que les jambes sont associées aux mouvements des idées, la situation assise serait donc propice aux instables
[2] P 240 Yi King le livre des transformations R.Wilhem E.Perrot Librairie de Médicis
[3] Ensemble de six traits continus ou discontinus, résultat du tirage du Yi Jing, illustrant une situation sensée apporter une réponse à la question du consultant
[4] Partie la plus basse du bassin, celle sur laquelle vous reposez en étant assis
[5] Elle peut servir de posture de remplacement à seiza surtout si cette dernière provoque des crampes, hantachi permet d’ailleurs de les éliminer en plaçant les orteils en flexion plantaire.
La droite idéale dans la posture correcte selon Annick de Souzenelle unit dans un même plan
oreilles
reins
chevilles
Ces trois points sont pour elle les trois germes de la croissance de l'arbre, le hara ou dantian servant de réceptacle à cet axe.
Notons au passage que ces trois points ; oreilles, reins et chevilles sont pour l'énergétique chinoise reliés à l'énergie de l'eau, aux reins, à la vitalité, à l'énergie ancestrale (yuan qi).
Voici le détail de cette posture :
pieds parallèles écartés de la largeur d'un pied
hanches, genoux, chevilles légèrement fléchis
stable en bas, mouvant en haut
ni penché en avant, ni penché en arrière
ni raide, ni affalé, la colonne cervicale dans le prolongement de la colonne vertébrale
être bien dans son assiette, maitre de sa monture
Détente, disponibilité, réceptivité, énergies en éveil, prêt à ouvrir son cœur et son intelligence, les énergies circulent avec exactitude et économie.
Une belle leçon à retenir. ________________________________
Source : Le symbolisme du corps humain Annick de Souzenelle
S’asseoir, être assis, être assis sur, être agenouillé assis sur ces talons (Ricci 5155)
composé de
(Wieger 27)
2 personnes
sur la terre
Seien chinois Zheng
Droit, (non courbe ou non incliné) direct Droit correct, juste, probe, impartial (Ricci 319)
Droit direct, rectifier, gouverner (Kang Xi)
Za Zen en japonais ouZuo Chanen chinois
Être assis en contemplation, pratiquer le chan (le zen)
Non incliné ; ni penché en avant, ni penché en arrière,
Ni incliné à gauche, ni incliné à droite, non tendu vers le haut, non tassé vers le bas, simplement centré !
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Extrait de Posture et Shiatsu mémoire de T.Lambert rédigé au cours de sa formation auprès de l'ARTEC
Vous trouverez ci-dessous un lien en liaison avec la posture seiza, n'hésitez pas à vous y arrêter !
A lire sur le site InfoAikido.com un article de Paolo Narciso « Anatomie du seisa »,les origines profondes de la posture et sa réalisation. Cliquez ci-dessus pour lire le pdf.